Hopes; libre.

On a tous le droit d'espérer, même quand cela n'a aucun sens.

Elle aurait pu se souvenir, elle aurait pu oublier, cela n’aurait rien changé. Elle était fichue, moralement, elle se dégoûtait tant elle avait menti et physiquement, le froid faisait son effet. La petite grise avait beau penser à autre chose, les mauvais souvenirs refaisaient constamment surface, l’assénant tel un coup de couteau dans le dos alors elle se couchait sur le sol, voulant hurler. Elle souffrait, non, en réalité, ce n’était qu’une vulgaire impression de souffrance, le problème venait de son cerveau. Alors elle tentait de se relever, se disant que c’est beau la vie et qu’il est beau d’aimer. Stupide. Elle n’a jamais aimé. Romanza s’est damnée toute seule, mais faut-il la plaindre ? Elle qui ne parle que pour raconter des balivernes ? Non, sans doute. Pourtant, elle n’est pas mauvaise la petite grise, elle n’a jamais fait de mal à personne et elle ne le fera jamais. Elle a seulement compris que dans son cas, il n’y avait rien à chercher, rien a trouver et qu’il n’y aurait jamais rien, si ce n’est le rien bien sûr. Regardez la misérable vie qu’elle mène, elle tourne en rond, elle parle à des êtres qui n’existent pas, elle vous parle du temps qui passe. Le temps. Plus il passe, plus sa souffrance intérieure se manifeste, elle est pas bête la douleur hein ! Mais elle se dit une nouvelle fois que la vie était belle et que, même si petite, elle voulait toucher les étoiles et qu’aujourd’hui, à force de dire des sottises elle est clouée au sol. Tout a une explication.
Elle finit par se relever et par espérer. Soudain, tout devint beau, les étoiles lui apparurent, bien que la lune fût absente. Ces points de lumière prenaient un sens, un en particulier, brillant bien plus que les autres, se démarquant, Romanza lâcha un long soupir. Après quelques minutes de marche, elle arriva devant un immense lac, en parti recouvert d’une fine couche de glace. Elle frémit. Les flocons dansaient au gré du vent, tourbillonnaient et venaient se poser gracieusement sur le sol. La petite grise les contemplait, à vari dire, ils la fascinaient, ils étaient comme de minuscules diamants éphémères et glacés aux formes étranges. Auprès de l’étendue glacée, aucun signe de vie, elle était la seule à s’aventurer sur ces contrées. Tant mieux, elle ne voulait pas sombrer à nouveau. Les arbres bordants le lac semblaient tomber, écrasés par un poids invisible à celui qui ne sait pas voir, elle les fixa longuement. Ou alors, il était tirés vers le bas par une force incroyable, en tout cas, ils tombaient telles des larmes. Nouveau soupir. Elle secoua la tête pour se ressaisir, mais les suaves et douloureuses pensées revinrent, comme si elles étaient irrévocablement attirées par la pauvre petite. « On a plus le droit de rêver, hein ? » souffla-t-elle, il y avait un minimum d’espoir dans ses paroles, seulement, cet espoir était faux, il n’existait pas.

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Pouvait-on vraiment dire qu'il revenait de l'enfer ? Sa formation, ses années d'attente à se taire & à prendre l'apparence d'autrui, tout ceci l'avait-il vraiment changé à jamais ? Oh, il se posait des questions depuis des jours & des jours, ses pensées affluaient & tourbillonnaient dans sa tête, dans son esprit. A croire que cette fois-ci, il se retrouvait confronter à lui-même, seul, & cette situation le rendait bien plus nerveux qu'il n'aurait pensé l'être. Il s'était détaché de ces liens embarrassant, encombrant, qui l'avait emprisonné toutes ces années, mais il y avait toujours un poids énorme dans sa poitrine, une déchirure qui ne guérirait sans doute jamais. & Ce fut par la mise à terme de cette vie sulfureuse qui devait pourtant lui offrir comme un semblant de vie, une rédemption pour l'avoir abandonné, Elle. Il était petit, ils étaient grand.

La nuit avait engloutis la forêt de pins dans laquelle l'étalon s'était enfoncé quelques heures plus tôt. Une soirée bien trop glaciale à son goût ; Mais c'était la dernière chose à laquelle il pensait. Sa silhouette fluette se faufilait entre les fourrés, esquivant parfois quelques obstacle aperçu au dernier moment. L'obscurité environnante avait un effet apaisant sur l'esprit du Palomino, qui non content d'être arrivé ici, se sentait toujours apte à combattre cette souffrance irrépressible qui le hantait. Il le fallait, il n'en avait pas le choix. Pour son bien mais aussi pour celui des autres. Car cette maladie s'acharnait & savait débarquer aux moments les plus inattendu.
Le mâle ralentit l'allure, marchant agilement & dans un pas silencieux. Ses oreilles pivotaient sur sa tête, à l'affut du moindre bruit. Un silence radicale avait engloutis la forêt & … Un lac baignait dans un mutisme déconcertant. N'y avait-il donc que lui dans les environs ? Ni autres équidés, ni même prédateurs & encore moins de petits animaux ? Suspicieux, l'étalon s'apprêtait à s'avancer au bord du miroir d'eau glacé lorsqu'il décela une voix douce, fragile, pleine d'innocence … En apparence.
« & Qui vous en empêche ? » Répondit-il du tac au tac, sans vraiment prendre le temps de la réflexion. Il était direct notre cher Jam & son regard vint vite croiser celui de sa nouvelle interlocutrice, à l'apparence bien trop semblable à Elle.